Project description:Introduction La pandémie du coronavirus a bouleversé les pratiques médicales avec une rupture de la continuité des soins et un retard diagnostic en oncologie avec des diagnostics à des stades plus avancés donc de plus mauvais pronostic. Nous nous sommes intéressés à l’impact de ce retard pour les mélanomes invasifs de stade précoce (stades I et II 8e classification AJCC). Matériel et méthodes Nous avons réalisé une étude rétrospective en région Rhône-Alpes, basée sur des données anatomopathologiques de Cypath-Dermapath (réseau de dermatopathologie privé drainant une large population hospitalière et libérale). Tous les nouveaux mélanomes cutanés primitifs invasifs diagnostiqués entre le 28 août 2019 et le 3 octobre 2020 étaient inclus. Les données analysées étaient cliniques : âge, sexe, topographie (tête/cou, membres supérieurs, membres inférieurs, tronc), et histologiques : épaisseur en mm, présence d’une ulcération, sous-type de mélanome (mélanome à extension superficielle, malin lentigineux, nodulaire, acrolentigineux, ou autre). Nous avons comparé les données sur 200 jours : pré-COVID-19 (28 août 2019 au 16 mars 2020) et COVID-19 (17 mars 2020 au 3 octobre 2020, le 17 mars 2020 date du premier confinement. Résultats Huit cent quatre vingt dix neuf mélanomes ont été inclus, 491 avant le confinement et 408 après. Le nombre de mélanome diagnostiqué par jour diminuait de 17 % après le confinement, surtout pendant le premier confinement du 17 mars 2020 au 12 mai 2020. Respectivement avant et après le confinement, l’âge moyen était de 62,3 ans et le Breslow moyen de 1,125 mm puis respectivement 64,7 ans et 1,194 mm. Les mélanomes ulcérés étaient plus fréquents après le confinement (11,8 %) qu’avant (7,5 %), p-value = 0,0311. Il n’était pas observé de différence significative entre les 2 périodes pour l’âge moyen, le sex-ratio, la topographie, l’épaisseur tumorale et le stade AJCC. L’analyse par classe d’âge montrait une tendance pour les plus jeunes, 18–44 ans, de mélanome plus épais après le confinement (0,78 mm contre 1,07 mm, p = 0,13) et plus souvent ulcéré (5,6 % contre 13,6 %, p = 0,15), avec plus de stade II AJCC après confinement (7,4 % contre 18,6 %, p = 0,099). Les autres classes d’âge, 45-65 et plus de 65 ans, ne montraient pas de différence significative. Discussion Notre étude ne montre pas un effet majeur de la pandémie à COVID-19 sur la sévérité des mélanomes diagnostiqués après le confinement. L’impact le plus notable apparaît chez les patients les plus jeunes, 18–44 ans, avec plus de stade II AJCC après le confinement qu’avant. Une étude sur une période plus longue permettra de préciser ces résultats.
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