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ABSTRACT: Introduction
La pandémie de COVID-19 a eu un fort impact sur la prise en charge des cancers. Plusieurs études ont rapporté une baisse importante du nombre de diagnostics de cancers cutanés durant le confinement de mars 2020 (C), mais peu ont rapporté les conséquences du retard diagnostique sur la sévérité. Notre objectif était d’évaluer l’impact immédiat du C et ses conséquences sur les caractéristiques des mélanomes nouvellement diagnostiqués les mois suivants. Matériel et méthodes
Étude rétrospective monocentrique, dans un service de Dermatologie en Île-de-France, zone très touchée par la 1ère vague de COVID-19. Quatre périodes définies : – du 17/03/20 au 12/05/20 = confinement (C) ; – du 17/03/19 au 12/05/19 = équivalent de la même période l’année précédente (EC) ; – du 13/05/20 au 31/10/20 = post-confinement (PC) ; – du 13/05/19 au 31/10/19 = équivalent de la même période l’année précédente (EPC). Tous les patients vus en consultation pour la prise en charge d’un nouveau mélanome pendant ces périodes ont été inclus. Nous avons comparé le nombre de nouveaux cas, les caractéristiques anatomopathologiques et les stades AJCC entre les périodes C vs EC, et PC vs EPC. Résultats
493 cas consécutifs de mélanome (480 patients, âge moyen 62 ans ± 16, sexe-ratio M/F = 0,96) ont été inclus. Les proportions de mélanomes in situ était similaire dans les 4 groupes. En C vs EC, nous avons observé une baisse de 15,4 % de l’incidence des mélanomes, avec un indice de Breslow significativement plus élevé (2,18 mm ± 2,4 vs 1,63mm ± 2,8, p < 0,001). Les mélanomes incidents en PC étaient plus sévères qu’en EPC avec plus de stades III (13 % vs 6 %, p = 0,01) moins de stades I (35 % vs 48 %, p = 0,01). Le risque d’avoir un mélanome avec un Breslow ≥ 0,8 mm (OR = 1,75 ; IC95 % [1,19–2,63], p = 0,006), et d’être ulcéré (OR = 1,69 ; IC95 % [1,05–2,80], p = 0,034) était plus élevé en PC vs EPC ; le risque d’être en stade III d’emblée tendait à être plus élevé également (OR = 0,64 ; IC95 % [0,37–1,01], p = 0,06). Discussion
Notre étude montre que le confinement du printemps 2020 en Île-de-France a eu un impact immédiat de diminution > 15 % de nouveaux diagnostics de mélanomes par rapport à une période équivalente l’année précédente et que cette baisse de fréquentation a eu des conséquences en terme de sévérité sur les mélanomes diagnostiqués les mois suivant cette période. Ainsi, le confinement peut être interprété comme un modèle expérimental démontrant qu’un retard diagnostique de 9 semaines peut entraîner une augmentation de la sévérité des mélanomes incidents, pouvant avoir des conséquences de morbi-mortalité et économiques. Le taux de mélanome in situ stable est en faveur de l’absence d’impact d’un retard modéré de diagnostic de ces mélanomes à croissance lente. Cette étude souligne l’importance des stratégies de dépistage pour les patients à risque, et l’intérêt de nouvelles pratiques comme la télémédecine pour tenter de limiter les délais de consultation de dépistage et de diagnostic.
SUBMITTER: Molinier R
PROVIDER: S-EPMC8603671 | biostudies-literature |
REPOSITORIES: biostudies-literature